La lecture de textes de classe et de volume de référence entre les leçons.
Les
comportements de lecture de nos cohortes d’étudiants ont beaucoup changé depuis
les 20 dernières années. Suis-je le seul enseignant de ce monde qui demande à
ses étudiants de lire un chapitre du volume de référence ou des notes de cours
entre deux leçons, pour se préparer, et de n’avoir que moins de 5% des
étudiants qui le font vraiment avec concentration ? Vous reconnaissez ces
comportements symptomatiques de nos élèves d’aujourd’hui ? Si les vôtres font
consciencieusement leurs lectures, je vous dis «bravissimo», vous ne faites pas
face à mon obstacle majeur et vous pourrez utiliser une méthode de magistral
2.0 sans l’ajustement de procédure.
La
lecture n’est plus, comme dans le temps de Rousseau, la porte d’accès
privilégiée aux savoirs et n’est peut-être plus considérée comme synonyme de
plaisir et de loisir important ; surtout depuis l’apparition d’Internet. Il
y a plusieurs raisons sociologiques et comportementales pour expliquer cette
réalité et je n'aborderai pas tous les détails pour le propos du livre, je ne m’en
tiendrai qu’aux conséquences pour ma pratique enseignante et pour l’élaboration
de mon magistral 2.0 nouveau.
Les pratiques
culturelles des jeunes sont influencées par le numérique et des études récentes
expliquent les nouvelles formes de lecture parcellaires sur des supports
électroniques comme l’ordinateur, la tablette ou le téléphone intelligent. Les
conclusions de ces études prouvent que les périodes de lecture des jeunes sont
plus courtes et souvent liées à des échanges de sociabilités sur Internet. La
réalité de mes jeunes élèves de 17 à 22 ans, c’est que le téléphone intelligent
est devenu leur principal terminal culturel et l’Internet, leur principal accès
aux savoirs et aux connaissances. À un étudiant qui me voyait lire le journal
papier avec grand étonnement, je demandais comment il se tenait au courant des
développements dans l’actualité et j’ai eu comme singulière réponse : «
S’il y a la guerre, je serai au courant sur Facebook dans moins de 10 minutes
de l’événement ».
En raison de
leur style de vie incluant les études, le travail à temps partiel, une vie
sociale intense, la sociabilisation ; lorsque mes élèves arrivent au
collège, la lecture concentrée et longue devient une contrainte, surtout si
elle est scolaire. Ces lectures obligatoires et prescrites empêchent de
«tourner en rond», dans leur espace-temps disponible, pour faire les «autres
choses» essentielles à leur vie de jeunes adultes.
De plus, il faut
bien prendre conscience avec lucidité et clairvoyance qu’un étudiant n’a pas obligatoirement
à lire un volume de référence ou des notes de cours comme on lit un roman de
Rousseau ou de Zola. L’élève peut aborder ces lectures prescriptives de façon
parcellaires et fragmentaires dans l’optique d’une recherche d’informations très
précises tournant autour des notions essentielles à apprendre et à assimiler.
C’est donc en
tenant compte de ces réalités que je me suis demandé comment induire
l’obligation des lectures préparatoires à mon magistral 2.0 efficace et
nouveau. Voici ce que j’ai retenu et que j'applique :
- Induire le temps de lecture «parcellaire» en classe et non à l’extérieur ;
- Induire le temps de lecture en utilisant le volume de référence et/ou les notes de cours avec un objectif précis de recherche sur les notions essentielles à apprendre ;
- Utiliser le volume de référence et/ou les notes de cours comme un autre moteur de recherche de «type Google», mais sur papier, avec le lexique du livre ;
- Induire le temps de lecture de sorte qu’il y aura une conséquence sur les notes si l’étudiant ne le fait pas, en classe ;
- Construire des activités de réflexion et d’analyse sommatives obligeant l’étudiant à utiliser des citations au volume de référence et/ou aux notes de cours. Ces citations sont parties intégrantes des grilles d’évaluation.
Yves R. Morin

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